Votre épargne-retraite peut-elle tenir le coup face à l’inflation?

Le coût élevé de la vie incite certaines personnes à ajuster leurs plans.

Partout au Canada, les effets de l’inflation se font sentir de différentes manières selon les groupes d’âge. Pour les jeunes et les étudiants, le manque de liquidités ou l’augmentation de l’endettement personnel peuvent constituer les principales préoccupations. Les personnes se trouvant en milieu de vie ou en milieu de carrière peuvent trouver que la série de hausses rapides des taux d’intérêt a rendu difficile le remboursement de leurs prêts et de leurs prêts hypothécaires. Pour les retraités ou les personnes proches de la retraite, l’inflation a probablement érodé leur épargne et leurs placements dans des proportions inquiétantes.

La plupart des retraités dépendent des revenus de leurs placements pour subvenir à leurs besoins, mais la hausse des prix et la sous-performance des marchés pourraient réduire la valeur d’un pécule substantiel établi pour les aider à passer le cap de l’âge d’or. Les années consacrées à l’accumulation de richesses étant en grande partie révolues, ce revers pourrait assombrir leurs perspectives pour l’avenir, en dépit des efforts déployés par l’économie pour reprendre le contrôle de l’inflation.

Une combinaison de défis

En 2021, l’indice des prix à la consommation (IPC) au Canada était légèrement supérieur à 3,4 %,[1] soit le taux d’IPC le plus élevé au pays en 30 ans. En 2022, il a atteint son niveau le plus élevé en 40 ans, à savoir 6,8 %. Ce chiffre annuel moyen inclut un taux d’inflation par rapport à l’année précédente de 8,1 % en juin 2022, un record en 39 ans.[2] Dans ces conditions, on peut comprendre que les gens s’inquiètent de la perte de leur pouvoir d’achat et de la dévalorisation de leurs placements.

Cependant, il existe des stratégies que les gens peuvent adopter pour protéger leurs intérêts financiers.

La volatilité des marchés

Les effets combinés de l’inflation, des hausses de taux et de la probabilité d’une récession légère ou importante peuvent contribuer à une volatilité continue des marchés, qui peut toucher certains portefeuilles de placements plus que d’autres, en fonction de son incidence sur les trois principales catégories d’actifs (actions, titres à revenu fixe et liquidités).

Les actions sont soumises aux caprices du marché, mais les résultats peuvent varier d’un secteur à l’autre. Les secteurs canadiens des ressources naturelles, de l’énergie et de la finance réagissent tous différemment à la conjoncture économique, mais sont généralement considérés comme plus résistants aux fluctuations du marché que d’autres secteurs plus spécialisés.

La diversification d’un portefeuille avec des placements à revenu fixe, tels que les obligations, peut être une option intéressante pour générer des revenus, en particulier en période de recul de la valeur des actions. Généralement, lorsque les taux d’intérêt augmentent, les rendements des obligations aussi. Il suffit de penser qu’en réponse aux hausses de taux visant à maîtriser l’inflation, le rendement de l’indice de référence d’une obligation à 10 ans du gouvernement du Canada est passé de 1,97 à 3,37 au cours de l’année dernière.[3]

En revanche, il peut être tentant de tout simplement transformer les placements en liquidités, en mettant l’épargne de côté dans un fonds ou un compte bancaire à faible risque – ou encore sous un matelas – jusqu’à ce que les perspectives économiques redeviennent favorables. Cette stratégie peut s’avérer contre-productive, à moins que l’argent ne rapporte suffisamment d’intérêts pour compenser le taux d’inflation. Néanmoins, le fait de détenir une partie de son portefeuille en liquidités peut être un bon moyen de se protéger contre un nouveau repli du marché et de disposer d’une source de fonds pour investir lorsque le cours baisse.

L’immobilier, généralement considéré comme un actif peu touché par l’inflation, subit également les effets de l’augmentation des taux d’intérêt qui se traduit par une hausse des taux hypothécaires, ce qui modifie le comportement des acheteurs. Sous l’effet des hausses de taux d’intérêt, les prix des logements résidentiels ont commencé à diminuer au second semestre 2022 et certains prévoient qu’ils continueront à baisser, au moins à court terme, en 2023.[4]

L’inflation jouera toujours un rôle dans notre économie et, à l’instar des marchés financiers, il faut s’attendre à des hauts et des bas. Pour faire face à l’inflation, il faut se préparer de manière à pouvoir protéger ses placements contre des pertes importantes, voire à tirer parti de certains événements. Lorsque la valeur d’un placement diminue, pour diverses raisons, il ne faut pas en conclure qu’il ne reprendra plus jamais de valeur. Cette situation peut même présenter des occasions d’« acheter au son du canon » ou en période de repli, c’est-à-dire d’acheter des actions au moment où les prix chutent et d’acquérir ainsi plus d’actions pour votre argent. Sur une plus longue période, posséder plus d’actions peut augmenter la valeur d’un portefeuille. Quelle que soit la situation, il peut être utile de prendre des mesures pour réexaminer et réviser régulièrement son plan de retraite afin de contrer les pressions économiques.

Un état d’esprit flexible

On ne s’attendait pas à ce que le pic d’inflation observé il y a plus d’un an atteigne un niveau aussi élevé ou dure aussi longtemps. Si les récentes nouvelles et expériences financières vous ont déstabilisé, il peut être utile de faire le point sur vos placements avec votre conseiller. La situation de chaque personne est différente, tout comme les mesures les plus efficaces pour protéger vos fonds de retraite. Quoi qu’il en soit, en faisant preuve de souplesse et en tenant compte de certaines stratégies pertinentes, vous pouvez protéger une plus grande part de votre épargne-retraite et réduire les pressions exercées sur votre portefeuille par l’inflation.

Augmentez les contributions à votre portefeuille de placements pendant que vous touchez encore un revenu régulier et que vous avez largement le temps de faire fructifier votre épargne avant votre départ à la retraite. Au moment de la retraite, vous pouvez revoir votre portefeuille avec votre conseiller et réduire votre niveau de risque en optant pour des placements prudents et à revenu fixe, moins sensibles à la volatilité des marchés.

Continuez à travailler. Si la perspective de troquer votre ordinateur portable contre une serviette de plage ou une canne à pêche est attrayante, prendre sa retraite avec des préoccupations financières ne l’est pas. Le ralentissement des marchés mondiaux et l’augmentation du coût de la vie et des emprunts n’ont pas le même retentissement pour ceux qui ont encore un emploi. De nombreuses personnes atteignent le sommet de leurs revenus à la fin de leur carrière, lorsqu’elles sont parvenues à des postes de direction et à des salaires élevés. Ces dernières années peuvent avoir une incidence considérable sur le montant que vous êtes en mesure d’épargner en vue de votre éventuelle retraite.

Respectez votre budget.Il peut parfois être difficile de maintenir vos dépenses dans les limites de votre budget mensuel, mais il vaut mieux se fixer des limites que d’essayer continuellement de se sortir d’une situation d’endettement croissante. L’argent que vous épargnez aujourd’hui peut générer des intérêts et être dépensé demain, lorsque les coûts reviendront à des niveaux plus acceptables.

Envisagez de modifier vos attentes en matière de revenus pour la retraite. Le niveau de vie que vous imaginez pour votre retraite peut être différent de ce qui est possible en réalité. Si vous êtes prêt à faire face à des changements de revenus brusques ou à de nouveaux obstacles économiques, vous pourrez mieux les surmonter s’ils se présentent.

Depuis plus d’un siècle, on constate que même si l’inflation et les mesures prises pour la maîtriser pèsent lourdement sur les marchés financiers, ces derniers finissent par se redresser. La reprise peut prendre un certain temps, mais il est préférable de générer une croissance supérieure au taux d’inflation plutôt que de se laisser entraîner par la hausse des prix. Continuer à investir régulièrement dans toutes les conjonctures de marché peut potentiellement conduire à des gains importants lors du prochain marché haussier.

Évoluer au fil du temps

La dernière année au Canada a permis de constater la rapidité avec laquelle la conjoncture économique peut changer. Faire appel à un conseiller pour suivre le rythme de ces changements et protéger votre épargne constitue non seulement une bonne stratégie de planification, mais peut aussi vous aider à saisir les occasions d’atténuer les effets de l’inflation et de la volatilité qui en résulte.

[1] Statistique Canada, « Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2022 » Le Quotidien, 17 janvier 2023, catalogue no11-001-X, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230117/dq230117b-fra.htm.

[2] Statistique Canada, « Indice des prix à la consommation, juin 2022 » Le Quotidien, 20 juillet 2022, catalogue no11-001-X, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220720/dq220720a-fra.htm.

[3] Rendement des obligations du Canada, Rendements d’obligations types du gouvernement canadien à 10 ans, février 2022 – février 2023.

[4] La Banque du Canada prévoit une nouvelle baisse des prix des maisons après avoir annoncé une hausse de taux d’un quart de point. The Globe and Mail. Janvier 2023. (en anglais seulement)

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